Citius Altius Fortius / Les chaussettes

Pourquoi les chaussettes sont elles si présente dans mon travail ?
Les chaussettes

Ma peinture est figurative, l’Humain est au cœur de mon travail et plus particulièrement l’intime et la sensualité des corps… J’ai essayé de comprendre pourquoi mes modèles gardent souvent leurs chaussettes, alors que je ne nourris pas spécialement un fantasme ou un fétichisme particulier pour celles-ci.
C’est en allant chercher dans mes souvenirs et dans le travail d’autres peintres que j’ai trouvé un début de réponse. 
David Hockney, une de mes principales références picturales a souvent peint et dessiné des hommes nus portant des chaussettes comme dans le tableau « Scène domestique, Los Angeles » de 1963. J’ai aussi récemment découvert en feuilletant le livre blanc de Jean Cocteau que dans ses dessins érotiques les hommes nus portent souvent des chaussettes. 
Plus jeune j’avais l’habitude de me rendre au Louvre, fasciné par un des tableaux les plus connus au monde et peint par Théodore Géricault : Le radeau de la Méduse. Un détail m’avait échappé jusqu’alors, un homme au premier plan à gauche est nu à l’exception de ses chaussettes !
Alors, ces images auraient elles imprégnées ma mémoire ?
Mon travail artistique est centré majoritairement sur la sensualité du corps en faisant souvent le choix de ne pas dévoiler la totalité de celui-ci. La chaussette, comme le slip est considéré comme un sous-vêtements, donc un vêtement de l’intime. Un dessin ou une peinture représentant juste un corps entièrement nu pourrait être considéré comme une étude, un corps qui porte un vêtement, aussi petit soit-il, est un corps qui s’habille ou se déshabille… Un corps en mouvement avec sa propre histoire.
D’un point de vue psychanalytique, la chaussette peut être à la fois vue comme un vulve pénétrée par le pied, symbole phallique, mais peut aussi à son tour devenir phallus lorsque le pied chaussetté pénètre une chaussure.
À l’occasion de l’exposition Citius Altius Fortius organisée par le Lieu Multiple de Montpellier je suis allé jusqu’à retirer de mon travail les corps et de décider de ne peindre que des chaussettes, je fais le choix de me fixer sur ce vêtement du quotidien extrêmement banal et d’essayer d’en faire un objet esthétique mais aussi de l’utiliser comme transfert à la sensualité des corps absents. Ces chaussettes deviennent presque organiques et invitent le regardeur à une forme de sensualité quelque peu sexuée.

Après l’effort les corps se retrouvent, suants, dans les vestiaires. C’est l’intimité des corps, les « instants de peaux » que Vincent Puren aime à dessiner. Sans fétichisme particulier pour les sous-vêtements, il cite dans ses références picturales imprégnées dans sa mémoire les représentations d’hommes nus portant seulement … des chaussettes (David Hokney, Jean Cocteau, un des naufragés du radeau de la Méduse de Géricault). Ainsi, l’artiste invite le regardeur, par-delà les parties de corps et l’apparence organique des pièces de lingerie, à une forme de sensualité…quelque peu sexuée.
Dominique Dalbin – Le lieu Multiple – Montpellier

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